La Ciudadela Bolivariana - Caracas

mardi 10 août 2004.
 

La Ciudadela Bolivariana, Las Lomas de Urdaneta a l’ouest de Caracas

En decembre 1999, de terribles innondations ont ravage toute une partie nord de la region de Caracas, la montagne s’est brutalement effondree apres trois jours de pluie continue et violente. La « Tragedie de Vargas » (du nom de la region) a cause la mort de de 15000 personnes et detruits des milliers d’habitations. De nombreuses familles ont tout perdu, cette catastrophe reste un traumatisme important pour tous les venezueliens. Face aux ravages des inondations, des centres d’accueil et d’aides aux sinistres se sont rapidement organises dans le pays.

C’est dans cette urgence que 3000 personnes (environ 500 familles) ont ete accueillies a la Ciudadela, un site industriel desaffecte appartenant a l’INAVI (c’est un peu l’OPAC venezuelienne). Tres vite les aides de l’Etat et la solidarite communautaire ont permit d&’amenager l’espace, de fournir des equipements et d’indemniser les familles. L’Armee, egalement presente, s’est chargee d’organiser la logistique et d’assurer « l’ordre ». Le soutien et l’engagement des habitants du quartier a permit d’etablir les bases d’un fonctionnement social au c’ur de cette « citadelle » de 3000 habitants surgit de nulle part. Toute la communaute qui s’est investie a egalement renforcee ses propres liens. En quelques mois, l’ensemble des familles a pu etre reloge, dans differents Etats du pays. La communaute s’est alors concertee afin de definir un nouveau projet pour que la Ciudadela continue de vivre. Il a ete decide de transformer cet espace en « complexe socio culturel », la Ciudadela Bolivariana etait nee !!!

C’est face a une nouvelle urgence que la communaute a choisie de repondre : l’urgence d’eduquer et de former, l’urgence de soigner. La Mission Vuelvan Caras est un programme national de formations professionnelles, initie en 2003, destine a la population des « barrios » et des campagnes. Installees dans un des trois immenses hangars de la Ciudadela, les Mission Vuelvan Caras alternent theories et pratiques. Les cours d’electricite, d’agriculture ou encore de maconnerie sont dispenses tous les jours a des classes aussi heteroclite que motivees ! Les cours se deroulent dans des conditions bien eloignees de nos reperes de salles de classe aseptisees, le hangar est ouvert sur l’exterieur ; matches de base ball, jeux d’enfants, meutes de chiens, voitures ; autant de mouvements et de sons perturbateurs pour des eleves volontaires. Un vieil homme assis a une table d’ecolier miniature, deux jeunes gens installes tant bien que mal sur un lit de fer blanc a etage ! (petite trace visible du temps ou la Ciudadella hebergeait 3000 personnes), les cahiers poses sur les genoux. Ici l’urgence est d’apprendre, et chacun sait ce que cela represente. Juan est apprenti macon, tous les matins, il suit les cours « Vuelvan Caras » de la Ciudadela Bolivariana, et l’apres midi il est professeur de percussions pour la communaute. Son visage souriant est marque par les annees d’errances entre drogue et traffic de rue. Aujourd’hui, il s’accroche. Chaque jour qui passe est une petite victoire.

La deuxieme urgence du Pays, c’est la sante ! Longtemps inexistante pour les classes populaires parce que bien trop chere. Aujourd’hui, le gouvernement tente de remedier au probleme en allant au plus urgent. La mission « Barrio Adentro » constitue un habile partenariat avec Cuba : des centaines de medecins cubains, en contrat pour 2 ans, dispensent des soins gratuits en majorites preventifs dans les quartiers populaires et zones reculees du pays. De l’autre cote, de jeunes venezueliens boursiers partent a Cuba suivrent les formations de medecine. A la Ciudadela Bolivariana, il y a 5 medecins cubains qui se relayent quotidiennement (sauf w.e), deux cabinets specialises (ophtalmo, dentiste) et un cabinet generaliste. L’urgence de soigner et d’etre soigne est largement perceptible a la file d’ ;attente qui ne dessemplie pas du matin au soir. Ou encore a croiser le visage toujours souriant de Laena, medecin generaliste, arrivee ici il ya quelques mois et qui semble ne connaître de Caracas que la Ciudadela Bolivariana, tant son travail est indispensable et son agenda rempli.

L’activite de la Ciudadela ne se resume pas a ces deux exemples de missions, c’est une veritable societe miniature qui fourmille ici. Allez, en vrac
-  Marche cooperatif (mission Mercal)
-  Cours d’alphabetisation (mission Robinson)
-  Ateliers de musiques, de radios
-  Boulangerie bolivarienne
-  Cours de coiffure et salon « communautaire »
-  Reunions politiques ET ET Radio Rebelde 91.5 Fm. L’histoire de Radio Rebelde est reliee a l’histoire de la communaute de la Ciudadela. Ne en 1999, Radio Ojerita avait pour fonction d’informer et de faciliter l’organisation des 500 familles deplacees. Apres la redefinition du projet de la Ciudadela, la radio a changee de nom pour devevnir Radio Rebelde, tenue d’une main de fer par un homme de plus en plus despotique, la radio menacait d’echapper a la communaute active depuis depuis 1999. Face a cette situation un groupe de personnes engages dans le projet de la radio a organise une assemblee extraordinnaire, appuiee par les pouvoirs publics. Le Directeur accuse de corruption, a ete ecarte de tout pouvoir et la communaute a pu s’approprier ce merveilleux medium. Depuis cette epoque, Radio Rebelde connaît un dynamisme sans faille, autorise a emettre en 2002 par le CONATEL (CSA bolivarien). La radio se definie comme « intervenida » (participative), communautaire et non commerciale. Elle fait partie du reseau de plus en plus foisonnent des medias communautaires (presse, radio, TV) qui connaissent au Venezuela une explosions depuis le soutien affirme du gouvernement bolivarien. J’aurai l’occasion de revenir sur le fonctionnement des medias communautaires et plus particulierement de la Radio Rebelde puisque nous allons passer du temps a la Ciudadela, une partie du film de Jackson se deroulant la bas ! Du cote de nos experimentations sonores, radiophoniques et conjugales (dixit Guillaume), Radio Rebelde est un terrain aux strates multiples que nous decouvrons avec beaucoup de bonheur et d’emotion.

Voila, pleins de bises a vous tous, Elsa & Guillaume la prochaine fois : impressions de manif et l’apres 15 aout !


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