Référendum vu de l’interieur

mardi 17 août 2004.
 
Comme vous avez pu le lire dans les brèves le référendum vient d’avoir lieu, Les partisans du NO ont gagne (les électeurs devait répondre a la question « si oui ou non ils voulaient révoquer leur Président). Recit des evenements vu de l’interieur et completement partial.

Comme vous avez pu le lire dans les brèves le référendum vient d’avoir lieu, Les partisans du NO ont gagne (les électeurs devait répondre a la question « si oui ou non ils voulaient révoquer leur Président).

Récit des événements vu de l’intérieur et complètement partial.

Samedi 14 août, veille des élections

Le « 23 de Enero » est en ébullition, les vas et viens dans le bureau de la coordination Simon Bolivar sont incessants. Les militants du quartier sont mobilises pour l’organisation de la journée du 15 août. Dehors la « Rumba » commence, je sais que s’est parti pour la nuit : musique a fond, pétards, tirs en l’air (les « plomos » vénézuéliens). Du cote de la Ciudadela nous avons vu la même effervescence. Les locaux de Radio Rebelde ont été transforme en QG bolivarien, les téléphones ne cessent de sonner et 4 téléviseurs viennent d être installes pour suivre les infos des différentes chaînes. La guerre entre médias prives et publics est a son comble, nombreux sont les vénézuéliens qui suivent la vie politique de leur pays a travers le tube cathodique. Radio Rebelde a quitte la Ciudadela pour être installée dans un lieu clandestin, l’équipe craint les répressions en cas de victoire du SI. Lors du coup d’Etat de l’opposition, en avril 2002 de nombreux médias communautaires ont subis des fermetures arbitraires, parfois musclées (CATIA TV) et certains animateurs ont été violentes (RADIO PEROLA). Cette mesure de précaution est donc nécessaire afin de protéger un outil de lutte comme Radio Rebelde qui n’existe que par la volonté de la communauté qui l’anime.

Dimanche 15 août, 3h00 du matin

Réveil un peu brutal avec : clairons, pétards, fusées éclairantes, musique, cris, coup de feu, sifflets, feu d’artifices. Les sons résonnent entre les immeubles du « 23 de Enero », c’est l’Appel National coordonne dans toute la ville par les Commandos Maisanta et Unités de Bataille de chaque quartier. Les gens commence a descendre pour être les premiers a voter. Entre l’ambiance festive de ce petit matin et les sons de guérilla urbaine, Caracas s’éveille.

déjà Dimanche 15 août, 5h30

Ouverture des bureaux de vote. Les plus « courageux » font la queue depuis déjà 1h30 lorsque les bureaux ouvrent leurs portes. Tout le monde est sur le pied de guerre, le maillage politique de chaque quartier semble parfaitement rode et l’organisation logistique des patrouilles (issues des UBE unités de bataille) entre en marche : transports, dispositif d’aide aux personnes âgées, ravitaillement en eau et nourriture des militants... . Il s’agit d’affirmer une présence dans chaque lieu de votation aux cotes des officiels ; acheteurs, membres du CNE, militaires et observateurs. La journée s’annonce très longue.

12h00,

Les « colas » (files d’attentes) ne désemplissent pas ! il faudra attendre 3 heures, 5 heures parfois 10 heures, les gens craignent de ne pas pouvoir voter avant la fermeture des bureaux, prévue a 20h00. Les dysfonctionnements du processus de votation alimentent les rumeurs de sabotage et créent une tension supplémentaire. Le système est informatise, base sur un fichier de reconnaissance des empruntes digitales de chaque électeur. Il n’y a pas de bulletin de vote, la votation s’effectue de manière tactile sur un petit écran. Ce système qualifie « hautement sécurise » est usité pour la première fois au Venezuela et a soulève de nombreuses polémiques durant la campagne. La mobilisation est énorme, on annonce une participation historique pour ce pays réputé abstentionniste mais la procédure de votation est beaucoup trop lente compte tenu de l’affluence. Le CNE* fait une première déclaration et annonce une modification du système de vote afin de fluidifier et d’accélérer le processus. Il demande également a la population de ne pas s’impatienter, les bureaux ne fermeront que lorsque tous auront pu voter... On se prépare déjà à une seconde nuit blanche. * CNE : Conseil National Electoral, organisme indépendant de gestion et de contrôle de l’ensemble du processus électoral.

14h00, Nouvelle intervention du CNE

Un CD vient d’être confisque par le CNE sur lequel on trouve un montage de la voix du Président du CNE annonçant la défaite de Chavez et la victoire du SI. Ce mensonge aussi grossier que politiquement puéril marque une nouvelle atteinte au droit démocratique. Que signifie une telle attitude de la part de l’opposition ? Désinformations, tentative de déstabilisation ? Dans tous les cas cela témoigne, selon moi, du profond mépris de l’opposition pour les millions d’électeurs qui attendent depuis des heures de pouvoir exercer en toute liberté leur droit de vote.

17h00 Direction la Ciudadela

Ici, on prépare la victoire avec assurance même si l’anxiété est perceptible sur chaque visage. Les rumeurs de fraude, la peur des violences, la fatigue des gens, tout nous rappelle que le processus social et politique engage par les bases populaires de la « Révolution Bolivarienne » sera défendu par les armes si il le faut. Les slogans « NO al pasado » ou « NO volveran » qui fleurissent sur les murs, affiches, tee-shirts et banderoles prennent tout leur sens. Derrières les sourires et la gentillesse des gens nous savons que les pires scénarios ont été envisagés.

20h00 Ebullition a la Ciudadela (quartier ouest de Caracas)

Talkie-walkie, portables, TV, radio, tout est au rouge. Les premières estimations commencent a circuler alors que les « colas » sont encore très longues du cote de Catia (quartiers ouest de Caracas). Une rumeur annonce Chavez gagnant avec 68 %, les partisans du NO largement majoritaire ici cris victoire. Nous quittons la ciudadela pour prendre la température des rues ; caravanes de voitures barioles, klaxons, slogans plein pot, a plusieurs coins de rues des enceintes crachent en continue chansons et slogans de campagnes, on réentend les clairons du réveil de 3h00 du matin. Partout le rouge bolivarien fleuri.

22h00 Retour au « 23 de Enero »

Le quartier semble étrangement calme, les derniers bureaux de vote ferment leurs portes. Il m’a semble que l’organisation des « colas » a été ici une des plus efficace. Mais bientôt, l’effervescence que nous venons de quitter a Catia gagne le quartier. Je ne peux me convaincre de cette victoire a l’heure ou les gens continue de voter. J’attends l’annonce officielle du CNE, prévue dans le nuit.

4h00 du matin lundi 16 août.

Le communique du CNE annonce que 94% des bureaux de vote ont été analysé et que le NO l’emporte avec environ 58% des voix contre 42% pour l’opposition. La victoire est officielle, c’est la fête a Miraflores (le palais Présidentiel). Je pensais que les Vénézuéliens seraient trop fatigues pour faire la fête, mais NO, c’est reparti : pétards, artifices, musique, clairons, flingues... A 4h40 l’opposition déclare que la fraude est « gigantesque » et que selon leurs chiffres le SI est gagnant avec pas loin de 70% ! (sans commentaire).

Savourer la Victoire ?

Les journées de lundi et mardi ont été largement chômées dans tout le Pays, les gens récupèrent de leur week end. L’opposition ne cesse de hurler a la fraude sur l’ensemble des médias prives alors que la totalité des observateurs internationaux y compris le Centre Carter (soutien jusqu’alors inconditionnel de l’opposition) ont reconnu les chiffres annonces par le CNE et la Victoire du NO, même la Maison Blanche accepte les résultats ! Cette attitude de l’opposition, systématique après chaque élection, est profondément antidémocratique, elle montre une nouvelle fois leur arrogance et accroît la polarisation de la société vénézuélienne. Mais la population est fatiguée de ces mensonges et l’opposition sort de cette bataille électorale profondément isolée. Le calme revient petit a petit, j’envisage une petite escapade touristique dans le Pays... Voilà bises a tous.

Elsa


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