Chronique du quotidien n°3

Recensement, Téléphone, Chirurgie esthétique
dimanche 30 octobre 2005.
 

Recensement

En ce moment c’est le recensement, le Censo comme on dit ici. C’est comme en France, histoire de voir de quoi est faite la population colombienne. La seule particularité est le caractère un peu totalitaire de l’organisation. A savoir, quelqu’un passe chez vous, si vous répondez au coup de sonnette, vous voilà en possession d’un papier affirmant que dans 2 jours, un recenseur passera entre 7 heure du matin à 7 heure du soir, et que vous n’avez pas le droit de ne pas être présent, sous peine d’une amende significative (je n’ai pas réussi à savoir le montant). Vous et tous les membres de la famille. Et impossible de changer la date. Toutes les entreprises sont prévenues, elles doivent vous laisser ce jour de congé. Les écoles idem. Et interdit de sortir de chez soi tant que les recenseurs ne sont pas passés. C’est assez facile pour ceux qui ont un emploi classique, mais pour les autres, et ici ils sont nombreux, c’est autre chose. Quand on a une réunion organisée avec 20 personnes, quand on a un commerce dont a besoin chaque jour pour s’acheter à manger, ou n’importe quelle activité qui ne permet pas que l’on fasse défaut, et ben si, il faudra faire défaut et se débrouiller avec cette journée de perdue. Et on pense alors au slogan de la campagne, « Le recensement, parce que nous comptons tous ! », mais pas le temps perdu...

Téléphone

Pour téléphoner et que l’on est pas chez soi, plutôt que de sortir son portable, dont on a déjà épuisé le crédit depuis longtemps, on regarde autour de soi, et l’on tombe presque forcément sur quelqu’un qui arbore un panneau ou un T-shirt disant « on vend des minutes de cellulaires ». En général il a au moins 2 ou 3 téléphones, un pour chaque compagnie. Il compose le numéro qu’on lui dicte, demande à notre correspondant d’attendre, et nous passe le téléphone. À la fin, il regarde le nombre de minutes utilisées, et nous fait payer à un tarif qui varie de 150 à 300 pesos la minute (entre 6 et 12 centimes d’euro). Et c’est impressionnant de voir le nombre de gens qui semblent vivre seulement de cela. Dans pas mal de petits commerces, on propose le même service, les téléphones sont généralement amarrés au comptoir. C’est très pratique, pas besoin de chercher une cabine, ni d’avoir une carte de téléphone. Et ça permet aussi de discuter éventuellement avec le possesseur des téléphones, ce qui est définitivement plus sympathique que de s’enfermer et de s’énerver contre une machine.

Chirurgie esthétique

La chirurgie esthétique est un sacré business à Cali. Toute jeune fille un peu fortunée ne rêve que de cela. Se refaire le nez, avoir des seins encore plus gros, moins de hanches, etc... On ne compte plus les nez retroussés, les poitrines débordant des décolletés, les liftings et autres liposucions. Tous cela en lien direct avec la publicité, et le canon de la beauté, la femme blanche, blonde, fine mais bien formée, qui orne les murs de toutes grandes villes au travers de publicités pour des bières, des cigarettes ou des voitures (rien avoir avec la féminité donc). Publicités coupables de la dégradation de l’image de la femme, impliquant une violence verbale et physique, voir le viol, agression quotidienne par ici. Et impliquant aussi une rente confortable pour tous les chirurgiens plastique, voyant débarquer dans leurs cabinets des femmes ayant des ascendances africaines ou indiennes, et rêvant de corriger ces « stigmates ». C’est tellement la mode ici, que certains magasins de vêtement proposent, à grand renfort d’affiches, des concours pour « gagner des seins », c’est-à-dire une opération de chirurgie qui fera de vous une femme admirée de tous les dix prochaines années, et un être étrange les années suivante, avec des formes qui ne suivront pas les lois naturelles. Il y a quelques années, l’université publique du département avait ouvert dans sa section médecine, des offres de chirurgie esthétique pour les étudiantes peu fortunées. Car « les pauvres aussi ont le droit d’être belles ».


Répondre à cet article

Forum